Sodome ou Gomorra ?
Comme pour Batman, les critiques n’avaient rien trouvé de mieux que l’unanimité pour célébrer l’arrivée dans les salles du Parrain IV. Cette fois ce n’était pas de l’incompétence, juste du politiquement correct, à raison.
Un film sur la mafia. Comment ne pas y aller ? Un coup d’oeil sur Allo Cine et c’est parti, on pourra dire j’y étais. Evidemment, la salle est pleine. En effet, on ne soupçonne pas le nombre de tueurs à gage ratés, fascinés par l’argent facile, les putes et les bagnoles. Mais surprise, ce n’est pas F.F. Coppola qui réalise et l’argent n’est pas si facile, les putes non plus et que dire des bagnoles quasi inexistantes. A la place, on se retrouve à Sarajevo au début des années 90. Effectivement, ça se passe à Naples, mais les conditions de vie sont les mêmes. Il y au moins un code d’honneur à respecter, on ne touche pas aux femmes et au enfants ? Même pas, juste une petite frappe qui imite Marlon Brando et des meurtres en veux-tu en voilà mais on n’est pas non plus dans le conte de fées de De Palma. Non, la mafia c’est des gens qui avaient une vie de merde et qui continuent à l’avoir mais cette fois ils veulent aussi pourrir la notre et peuvent beaucoup plus facilement la perdre du jour au lendemain, et pas certain qu’on les enterre. Le tout est très haché et n’est pas vraiment plaisant à regarder pour qui veut réver ou se divertir. C’était pas le but et de ce côté là c’est très réussi. Alors pourquoi ne pas avoir fait un docu fiction assumé, surtout en adaptant un bouquin ?
En sortant, on entend: « Ca vaut pas le Parrain ». Et non, la mafia en fait c’est nul, il fallait bien se faire chier 2 heures pour le comprendre. Un coup de maître.
P.S. : Pour ceux qui veulent en savoir plus et qui ont déjà décidé de ne pas intégrer la Mafia, on y apprend aussi des trucs intéressants.
Sixty seconds to what : Ennio Morricone au sommet de son art
Le cinéma c’est aussi une musique, une atmosphère, une ambiance. Quoi de mieux alors que le grand Ennio Morricone et un western de Sergio Leone ? Baroque, classique et avant-gardiste, Ennio Morricone se surpasse ici pour la partition de Et pour quelques dollars de plus.
Lancez la vidéo (qui est en fait fixe), regardez les images, fermez les yeux, ça y est vous êtes dans cette aire de battage du blé, Lee Van Cleef fait face à Gian Maria Volonte sous le regard de Clint Eastwood.
Magie du cinéma !
Burt
Bienvenue chez les ch’tis: Prophète en son plat pays et ailleurs
Astérix a veinement essayé de faire rire sous les couleurs de la Gaule, Paris a maladroitement vendu Paris, finalement seul Dany Boon fait mouche en combinant les 2. Il parle de la France et le fait bien
C’est drôle, c’est bien joué, et le scénario tient la route. Que demander de plus ? Evidemment, un tel film, tout réussi qu’il soit n’aurait jamais du dépasser les 2 ou 3 millions d’entrées car ce n’est pas le film du siècle. Un tel phénomène ne se produit qu’une fois tous les 10 ans, la dernière fois c’était Amélie Poulain mais là, même la protégée de Jeunet va se faire éclater. Alors, il ne faut pas chercher à comprendre ce succès, le coup marketing d’une pré-sortie, et un énorme bouche-à-oreille ont suffi à transformer l’œuvre en futur plus gros carton de l’histoire du cinéma français (La grande Vadrouille battue? ). Par contre il faut s’interroger sur les reproches que certains peuvent faire au film. Et notamment la critique aussi assassine que bête de Michel Quint dans le Nouvel Observateur.
Ch’ti con
Alors la caricature nordiste est-elle combattue de façon efficace ?
La réponse est oui, sans équivoque. Les amateurs de clichés sont en effet très rapidement éconduits et même humiliés, par la dextérité de Dany Boon. On en vient même à se demander pourquoi a-t-il ressenti le besoin de démontrer cela ? Simplement car la connerie humaine est sans limite, et qu’il y a vraiment des gens qui croient que le Nord c’est pire qu’ailleurs, en tout cas en France. Une fois, ce travail de mise à niveau fait et fort bien fait, ce débat devient secondaire, servant juste de fil conducteur à l’histoire et laisse sa place à la vraie thèse du film. Car il ne faut pas se voiler la face, si le scenario en vient aussi rapidement à voir le héros à l’aise dans la région, c’est bien pour traiter d’autre chose: le principal thème du film n’est pas le cliché, mais bien le déracinement.
D’ailleurs le personnage de Kad Merad le dit clairement quand Dany Boon lui promet qu’il pleurera quand il repartira dans le Sud : « Non, car c’est chez moi » répond-il.
Et c’est bien là toute la complexité du rapport à ses racines qui est exprimée.
Peut-on s’adapter à une nouvelle vie ? A un autre cadre que celui dans lequel on a grandit,vécu ou évolué ?
La réponse est oui en l’espèce, c’est le parti pris et l’angle de l’histoire, mais elle aurait tout aussi bien pu être non. Les considérations sont beaucoup plus subjectives et compliquées que la simple réputation d’une région. Ville ou campagne, Méditérannée ou Mer du nord, la situation géographique de ses proches, etc….
Le Nord Pas de Calais sert de pretexte à une vraie question de société, sur le changement de vie en France. L’auteur en profite pour faire une déclaration d’amour à sa région.
Un vrai coup de génie. C’est rare, mais Cinérama adresse ses félicitations à Dany Boon et tout l’équipe du film.
Stavros
P.S. A l’attention de Michel Quint : il n’y a que dans un stupide premier degré que l’on ne peut voir dans ce film que des clichés rebattus à défaut d’être combattus.
Ce que l’on voit, c’est que la vie à Bergues, c’est la vie, un point c’est tout. A l’antithèse de Klapisch, quand il appelle son film Paris pour montrer Paris et qu’il montre la France, Boon, plus modeste mais beaucoup plus pertinent montre le Nord Pas de Calais pour illustrer la France.
Les infiltrés: à voir sous infiltration
Oscar du meilleur film 2007, oscar du meilleur réalisateur, Les Infiltrés est probablement un grand film. Probablement.
Pour se faire un avis sur le dernier film de Scorsese, il faut au moins le voir 2 fois, si ce n’est davantage. Je l’ai donc visionné une première fois quelques semaines après sa sortie, début 2007. Durant près de 2h30, le bluff l’a emporté. Souffle coupé, réalisation de choc, acteurs remarquables. On entre dans l’histoire, difficile d’en sortir. C’est ce qu’on appelle un film efficace, la patte Scorsesienne en plus. Tout allait bien jusqu’à la chute de l’intrigue. Je n’ai pas vu l’original asiatique dont est inspiré cet opus, peut-être une telle fin était-elle inévitable. Violence, cervelle écrasée, meurtres en cascade: soyez pas surpris, ça crève sévère. Le problème c’est que les scènes finales s’enchaînent sans qu’on en saisisse vraiment le sens. En guise d’épilogue, on nous sert un retour à la moral toujours aussi biscornu. Le générique nous indique alors qu’il faut quitter la salle. Quelques jours après à peine, je découvrais Truands et l’honneur de Scorsese était sauf.
Une adaptation à la truelle
Fevrier 2008, nouveau visionnage sur Canal+ cette fois. Le film est décidément très bon, mais toujours très compliqué. Pas forcemment en apparence, la trame est on ne peut plus simple, mais surtout dans la vie des personnages, c’est-à-dire au niveau de ce que l’on appelle les intrigues de second plans qui rendent un film plus passionnant qu’un autre. Le passé des uns et des autres entre en ligne de compte, mais on ne voit pas exactement comment. Sautent également aux yeux, les imperfections du scénario, au niveau de l’évolution des héros. Plus ou moins doués selon les scènes, leur amateurisme est parfois troublant. Cette fois, les scènes finales sont moins choquantes et collent mieux au contexte. Par contre, au générique on veut toujours savoir. Pourquoi ? Pourquoi? Pourquoi? Si le scénario a été bien travaillé pour une adaptation psychologique irlando-américaine qui tient ses promesses, la part laissée à la compréhension du spectateur est encore beaucoup trop vaste.
P.S. : Un mot sur la bande originale : somptueuse.